2) Les symphonies de Beethoven : Quels critères pour choisir ?

2) Les symphonies de Beethoven : Quels critères pour choisir ?

( Deuxième partie)

Matériels utilisés pour l’écoute de cette rubrique:
  • Lecteur NEODIO NR 22
  • Amplificateur Intégré ARTEC SEI 55V
  • Enceintes CALLIOPE 21
  • avec un ensemble de câbles OCELLIA.

 

 

Les Nécessités de l’Interprétation:

Les neuf symphonies de Beethoven ont d’une « forme classique » Celle-ci ne diffère pas de la conception de son époque, mise en oeuvre par ses contemporains comme Haydn ou Mozart.

Mais dans cette structure de forme classique composée autour de quatre mouvements, elles développent cependant des contenus musicaux profondément novateurs qui bousculent les conventions musicales et modifient les conceptions traditionnelles de la symphonie au point qu’elles s’imposeront désormais pour l’avenir.

Ces aspects novateurs donnent à la symphonie Beethoveniene, des caractéristiques propres et particulières qui sont, à mon sens, des éléments importants pour le choix d’une interprétation.

Dans chaque symphonie la progression s’opère par paliers.

Le sens de la structure de chaque symphonie doit s’imposer au fil de son écoute. La progression s’opère par paliers. Le basculement entre deux mouvements se fait par des tempos enlevés, des gradations dynamiques qui traduisent ou opposent par différents contrastes, le souffle, la puissance, le calme ou la sérénité qu’il doit dégager et que l’on veut ainsi donner au mouvement joué.

Cette organisation assure au fil des différents mouvements, l’unité symphonique pour la conduire à son paroxysme et à son dénouement autour de la thématique développée par l’auteur.

 

L’ Intégrale des Symphonies de Beethoven

par Frans BRUGGEN

L’ Intégrale des Symphonies de Beethoven

par André CLUTENS

 

Frans BRUGGEN : Une approche résolument nouvelle et ciselée.

André CLUTENS : Une approche « classique» qui reste encore aujourd’hui une grande interprétation romantique.

La Symphonie chez Beethoven développe une Polyphonie puissante.

Sa mise en place engage chaque Instrument pour faire vivre l’Orchestre et crée une Musique « immédiate »

Une des grandes originalités de la symphonie chez Beethoven est l’organisation méticuleuse du discours musical qu’elle développe. La précision du jeu et la place de chaque instrument sont d’une extrême importance dans chaque symphonie. Le rôle imparti à chacun est précis et particulier car il doit opérer des contrastes par rapport aux autres instruments pour créer et mettre en valeur les inflexions et les tensions et la ligne mélodique.

L’ Intégrale proposée

par Eugen JOCHUM

L’ Intégrale proposée par

Sir Georg SOLTI

Deux interprétations « Classiques » mais différentes dans leur approche de la gestion orchestrale

C’est cette organisation particulière du discours musical chez Beethoven, qui permet de mettre en valeur le propos musical global développé par la partition et qui en organise l’équilibre ou les pulsions nécessaires, pour marquer la progression dramaturgique du mouvement.

Ainsi ce jeu instrumental confère à la musique « une immédiateté » rare qui met particulièrement en exergue le rythme, que renforce la souplesse du phrasé marqué par le jeu des cuivres et les contrastes d’aigus qu’ils produisent avec les bois et les cordes.

La musique traduit alors tout à la fois un mélange de force et de délicatesse dans une orchestration puissante, d’une rigueur rythmique implacable qui met en valeur les silences et leur donnent une profondeur et une expressivité particulières.

L’ Intégrale de John GARDINER

L’ Intégrale de Claudio ABBADO

Deux recherches et deux approches différentes pour donner un sens nouveau à l’interprétation des symphonies de Beethoven avec un même soucis d’authenticité.

Mais cette Polyphonie instrumentale puissante nécessite Fluidité et Clarté du Message.

Ce qui caractérise la symphonie chez Beethoven, c’est, outre l’organisation des instruments et de leur jeu particulier, le très grand nombre d’instruments engagés au sein de l’orchestre pour aborder la symphonie d’une façon novatrice voire révolutionnaire par rapport à ses contemporains.( Le nombre des instruments variant selon la salle dans laquelle l’œuvre était jouée) Cuivres, vents, bois et cordes se côtoient pour créer la musique au sein de laquelle les sons s’interpénètrent et se mélangent pour créer un souffle puissant qui, dans certains enregistrements donnent une «image de fatras acoustique ».

C’est pourquoi, il est fondamental pour la lisibilité de la ligne sonore que le Chef et l’Orchestre préservent la clarté de la polyphonie instrumentale.

Celle – ci, tout en étant vive et articulée dans une fluidité dynamique, doit toujours rester claire pour mettre en évidence les dialogues instrumentaux qui doivent prendre toute la place voulue par l’auteur pour donner les nuances et les contrastes souhaités.

L’articulation musicale et la clarté du message sonore jouent donc un rôle essentiel dans les symphonies de Beethoven.

Carlo Maria GIULINI n’a pas enregistré d’Intégrale, mais ses enregistrements sont un « must » tant sur le plan de la structure que de la gestion des masses sonores avec en plus une distinction rare dans la conduite orchestrale.

Mais si cette articulation et cette clarté sont essentielles et fondamentales, il faut cependant se garder d’une approche trop rigide ou saccadée. Une telle démarche risquerait en effet d’entraîner une tension agressive dans la lecture de la musique jouée qui serait alors préjudiciable à l’écoute au point de lui faire perdre son pouvoir émotionnel.

Pour un parfait « Modelé Orchestral », les instruments doivent « Chanter Ensemble ».

On en revient ici au rôle clef du Chef et au jeu de l’Orchestre..

Les Symphonies obligent chef et musiciens dans une connivence naturelle à tendre vers une homogénéité de jeu instrumental la plus parfaite possible.

Cette homogénéité de jeu ne veut pas dire pour autant uniformisation de l’interprétation qui ne permettrait plus alors de mettre en valeur le relief et la couleur de chaque instrument ou les articulations de sonorités propres au morceau joué.

 

Bernard HAITINK a abordé a plusieures reprises BEETHOVEN

en pofinant chacune de ses nouvelles interprétations.

Gustavo DUDAMEL pour sa part se lance dans la mise

en œuvre d’une intégrale en cours d’élaboration.

 

La sérénité classique maitrisée pour Bernard HAITINK.

La dynamique et le feu de la jeunesse pour Gustavo DUDAMEL

qui offre une autre façon d’aborder les choses.

Bien au contraire, cette harmonie parfaite du jeu instrumental doit favoriser la mise en relief les Instruments et leurs couleurs, la subtilité des ciselés et des déliés, l’équilibre des bois et des cordes, leurs variations et rendre évident la structure et l’architecture du morceau interprété.

Les couleurs que nous livrent les instruments sont à leur tour à l’origine d’une palette d’émotions qui nous envahit au moment de l’écoute de certains morceaux ou passages de l’œuvre.

De même qu’au delà de la couleur, la texture sonore des instruments, leurs jeux propres et communs à la fois contribuent à un « climat particulier et perceptible » tant lors d’un concert que lors de la retranscription musicale que l’on ressent pleinement sur nos ensemble HI-FI.

Giovanni ANTONINI arrive au terme de son intégrale

d’une vision originale.

Herbert von KARAJAN a enregistré a plusieurs reprises l’intégrale des symphonies Beethoven qu’il a conduit a son paroxysme

Une approche commune de la recherche du sens de la musique chez Beethoven et des résultats sonores aux antipodes l’un de l’autre.

L’un est grandiose et solennel , l’autre, original ou provocateur? mais séduisant.

Ainsi, saisir les inflexions les plus légères d’un mouvement, imaginer et voir mentalement les instruments joués séparément et ensemble, donne au morceau écouté une dimension particulière, le met d’autant pleinement en valeur et le transcende au moment où le flux sonore déferle pour lui donner alors tout son sens.

Dans la partie chant et chorale de la neuvième symphonie.

Beethoven pour la première fois dans l’histoire de la symphonie introduit une masse chorale avec chanteurs , il exprime clairement ses exigences ; Les solistes doivent chanter ensemble avec un vibrato et une intonation juste et adaptée. Pour le chœur il exige une puissance et une maîtrise extrême de la part des choristes.

Ainsi l’enregistrement veillera à donner l’ampleur nécessaire à la tessiture vocale des solistes pour qu’elle soit mise en valeur dans la masse orchestrale et se marie parfaitement avec elle contribuant ainsi, au sein de cette osmose, pleinement à la réussite de l’interprétation.

L’ Intégrale de THIELEMMANN

L’ Intégrale de David ZIMMAN

THIELEMMANN propose une vision classique de l’œuvre symphonique qui joue sur la puissance de l’orchestration et se réclame des « grands maitres Bethovenien ».

ZIMMAN propose une recherche du sens et de l’articulation de l’œuvre symphonique offrant nuances et puissance.

Un bon enregistrement, (Nous soulignons là encore le rôle de la prise de son) outre le fait de respecter ces indications, veillera à la bonne mise en place des plans sonores en plaçant correctement la masse chorale et en évitant d’installer les solistes au premier plan ou à l’inverse trop en retrait.

Chaque symphonie est basée sur des contrastes affirmés.

Ceux -ci débutent généralement par une attaque franche des notes qui composent le mouvement mis en place.

Ces contrastes dont le rôle est essentiel pour le climat que l’on veut développer par la musique jouée doivent êtres correctement marqués.

Trop peu marqués ou noyés par la masse orchestrale ils sont alors inefficaces pour donner tout son sens à la partition et atteindre le souffle et l’objectif visé.

C’est en effet la tension engendrée par les contrastes musicaux qui va permettre de ressentir, l’ampleur, la majesté, la solennité du mouvement et lui donner sa dimension juste.

 

L’ Intégrale de Peter MAGG

L’ Intégrale de Daniel BAREMBOIM

Dans les tempos lents, il est d’autant plus important que l’on entende bien à la fois chaque instrument et l’ensemble des instruments de façon à ce qu’ils puissent nous traduire et nous faire ressentir pleinement le sens et la composition du mouvement mais aussi les sentiments et le souffle de la pensée de l’auteur transcrite à travers l’ampleur d’une musique parfaitement maîtrisée.

Ainsi l’adagio de la marche funèbre de la Symphonie N°3 doit tour à tour exprimer, la grandeur, l’ampleur, le calme et la sérénité mais aussi nous inviter à découvrir en fonction de notre sensibilité le sens profond la musique jouée à travers le développement du thème mélodique interprété par l’orchestre.

 

Mariss JANSONS : Et si c’était la nouvelle synthèse attendue entre les versions « classiques » et les versions des » baroqueux » ? 

Pour Clore cette approche…

Et surtout pour vous inviter à découvrir les symphonies de Beethoven…

J’espère que ces quelques remarques, bien que générales, vous auront parues intéressantes et pourront vous aider à faire des choix.

Ces quelques approches n’abordent les choses que de façon générale, sans entrer dans le détail de chaque symphonie et n’opposent pas plusieurs œuvres entre elles pour en faire l’analyse et en appréhender les différences.

Ce n’est là qu’un premier pas… J’espère qu’il aiguisera votre curiosité et vous donnera le goût d’aller plus loin et de découvrir quelques symphonies, qui sont à la base de notre culture européenne et dont l’Hymne à la Joie, pièce centrale de la neuvième symphonie, à été choisie comme Hymne Européen.

 

J.J.CAPELLO
Point Musiques

( A suivre … )